Le retour du froid et de l’hiver en ce mois de Janvier, accompagné de chutes de neiges parfois abondantes, pousse le véhicule électrique dans ses retranchements au niveau de l’autonomie, en particulier sur les trajets d’autoroute. L’occasion pour nous de faire quelques tests et de rappeler les bonnes pratiques à mettre en place…

Faut-il changer ses habitudes de conduite lorsqu’il fait froid ?

On lit et on voit régulièrement sur les réseaux sociaux qu’il faudrait couper le chauffage, la musique et éteindre les phares pour réussir à atteindre sa destination… 🤣 🤣 🤣  Bien entendu, c’est faux. Même si les équipements de bord et le chauffage ont de l’influence sur la consommation (surtout le chauffage), ça ne représente pas une part aussi importante qu’on voudrait le croire.

👉 Vous devez d’abord vous demandez si vous avez BESOIN de changer votre conduite pour le trajet que vous voulez parcourir. Parfois on s’impose des contraintes pour rien, alors qu’on pourrait continuer de rouler normalement sans se poser trop de questions sur l’autonomie ou bien la recharge.

Voici un exemple sur un trajet Paris -> Lyon avec notre Tesla Model 3, qui fait environ 470km.
Qu’il fasse beau, froid, chaud, pluvieux, neigeux, avec du vent ou autres… et bien ça ne passe pas sans se recharger une fois ! Donc OUI, avec un temps très froid on va devoir se recharger plus longtemps mais il n’y a pas forcément besoin de changer sa façon de conduite. On sait par exemple sur notre voiture que dans des conditions de température optimale (au dessus de 20°C) on arrive à faire jusqu’à 350 km sur l’autoroute en roulant à 130km/h… et que lorsqu’il fait 0°C, la consommation augmente potentiellement jusqu’à +30%, soit 245km si on reste à 130km/h sans se poser de questions.

Donc … ça passe avec un seul arrêt recharge, qui sera certes plus long, mais sans changer ses habitudes de conduite sur l’autoroute !

Pour des trajets plus longs, ou avec un véhicule électrique moins efficient qui a une autonomie inférieure, quelques bonnes pratiques permettent de limiter un peu les pertes énergétiques.

Pourquoi un véhicule électrique consomme plus lorsqu’il fait froid ?

Il y a 2 raisons principales. La première étant commune avec les véhicules thermiques, la seconde étant spécifique aux véhicules électriques.

L’air froid est plus dense : Lorsque l’air se refroidit, sa densité augmente. C’est comme si vous compariez l’eau liquide et l’eau gelée : il est plus facile de se déplacer dans l’eau que dans la glace. Et bien lorsque l’air se refroidit, on dépense plus d’énergie pour avancer, pour pénétrer dans cet air froid… que ce soit sur un véhicule thermique ou un véhicule électrique. On ne peut rien y faire !

La résistance interne de la batterie augmente : Quel que soit le matériel électronique qui utilise une batterie, il consomme plus lorsqu’il fait froid. Pourquoi met-on son téléphone dans une chaussette lorsqu’on va sur les pistes de ski ? Pour essayer de le garder au chaud… et s’il a trop froid, il s’éteint !
On parle de résistance interne de la batterie, c’est à dire que ça empêche le courant de passer normalement, qu’il faut plus d’effort à la batterie pour fournir la puissance demandée par le moteur. Ici, la voiture électrique ne va pas s’éteindre comme un téléphone, même s’il fait -20 degrés dehors, mais elle va avoir une consommation beaucoup plus importante.

Les bonnes pratiques…

👉 Le moyen le plus efficace de réduire sa consommation, qu’on soit en véhicule électrique ou thermique d’ailleurs, c’est de réduire sa vitesse. Nous avions déjà fait le test par beau temps de réduire la vitesse à 120 km/h sur l’autoroute au lieu de 130 km/h avec des conclusions plus ou moins intéressantes en fonction des habitudes de chacun, mais ici… c’est plus intéressant !

Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus, nous avons fait un trajet d’autoroute avec 0°C de température extérieure en stabilisant notre vitesse à 120 km/h au lieu de 130. Bilan : 120km parcouru en 1 heure, avec une consommation de 20,1 kWh/100km.

Par beau temps, à 130km/h nous avons une consommation de référence à 18,4 kWh/100km. L’hiver avec une température comprise entre 0 et 2°C, nous avions mesuré une consommation à 24,4 kWh/100km, soit +32,6% d’augmentation…

En limitant la vitesse à 120km/h, la consommation augmente seulement de 9,2% !!! Le gain est énorme pour seulement 10km/h d’écart. Je vous rappelle qu’en roulant à 120 au lieu de 130, on perd moins de 4 minutes tous les 100km parcourus. Là clairement, ça vaut le coup !

👉 Ensuite, si vous en avez la possibilité, il faut absolument préchauffer son véhicule avant de prendre la route. Suivant les options du véhicule, ça se fait à distance ou avec une programmation dédiée sur l’ordinateur de bord, mais en préchauffant son véhicule on ne fait pas que dégivrer les vitres et le pare-brise (très confortable au quotidien 😊). On le “réveille” électroniquement, la batterie se réchauffe, et on dépensera moins d’énergie au début du trajet. Les constructeurs préconisent souvent de préchauffer le véhicule 15 minutes avant le départ, parfois même plus longtemps pour qu’il soit dans les bonnes conditions de roulage.

Si votre véhicule est branché sur une prise ou une borne à ce moment là, c’est tout bénef ! Car vous ne perdez pas d’autonomie sur la batterie. Mais même si elle n’est pas en train de se recharger, il est plus rentable de dépenser un peu d’énergie pour préchauffer que de partir avec une voiture complètement froide.

Et le chauffage … dans tout ça ?

Oui, le chauffage a de l’influence sur la consommation du véhicule lorsqu’il fait très froid à l’extérieur. Sur un véhicule thermique on utilise essentiellement la chaleur dégagée par le moteur pour fournir du chauffage mais sur un véhicule électrique, ça ne chauffe pas ! Il faut donc utiliser une résistance électrique ou une pompe à chaleur pour fournir du chauffage…

Pour limiter son utilisation et réduire l’impact sur l’autonomie, la pratique la plus courante est de privilégier l’utilisation des sièges chauffants qui sont moins énergivores et en contact direct avec le conducteur, voir du volant chauffant si le véhicule en est équipé.

Alors plutôt que de rouler avec la température à 22 degrés dans l’habitacle en t-shirt, et bien nous gardons notre pull, avec un cran de siège chauffant et mettons la température du chauffage à 19 (comme à la maison 😜)

Tesla, lors d’une mise à jour en 2022, a ajouté un outil très pratique pour voir l’influence des différents éléments sur la consommation globale du véhicule. Voici le résultat en image ci-dessous sur nos 120 km parcourus en 1h, avec les réglages énoncés précédemment.

Vous pouvez voir que la partie “climatisation” a représenté 2,6% de l’énergie dépensée. Ce n’est pas négligeable, car sur une décharge complète de la batterie ça aurait fait un peu plus de 6% de l’énergie utilisée par le système de climatisation.

En conclusion

Rappelez-vous que ce test a été réalisé avec 0°C de température extérieure, dont une bonne partie avec des chutes de neige. Ce sont des conditions finalement assez extrêmes, qu’on ne rencontre pas tous les jours lors d’un long trajet autoroutier. La Tesla Model 3 reste l’une des références du marché en terme d’efficience et d’autonomie sur l’autoroute. Mais de nouvelles berlines électriques arrivent sur le marché, comme la Hyundai IONIQ 6, la BMW i4 ou la Mercedes EQE qui proposent des autonomies similaires voire supérieures.

Demandez vous d’abord si vous avez vraiment besoin de changer quelque chose dans votre conduite ! Si au final vous avez juste besoin de recharger 10 ou 15 minutes de plus que d’habitude, et bien vous n’avez peut être pas envie de vous imposer une contrainte de vitesse sur l’autoroute.

Mais si vous vous souciez de votre consommation et de vos dépenses énergétiques, ces quelques bonnes pratiques vous aideront à garder une consommation raisonnable, même lorsqu’il fait très froid !

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